(Si tu lis cette édition sur ton ordinateur, il se peut que ce mail soit tronqué. Tu peux alors lire la version web.)
J’ai décidé d’écrire cette édition il y a 3 mois, après une séance chez le psychologue (source d’inspiration de bon nombre de mes newsletters). Je venais de passer une semaine intense, sans avoir d’espace de parole ouvert et non jugeant.
Dès que je parlais de la difficulté du changement de rythme après la reprise d’un temps partiel en plus de mon activité de shiatsuki, mon interlocuteur/interlocutrice répliquait “ Bienvenue dans le monde du travail. ”
Je me sentais minimisée, déligitimée et pas écoutée.
Comme une adolescente de 37 ans qu’on ne prend pas au sérieux.
En l’occurrence, c’est un ami très proche qui m’a dit ces mots. Un ami qui m’a pourtant vue lutter pour remonter la pente après le burn-out et la dépression et qui sait que je mets du cœur dans ce que j’entreprends.
Pendant ma séance de psy, j’ai repensé au nombre incalculable de fois où je suis devenue la confidente d’inconnus, de collègues, de connaissances ou de proches. J’ai repensé à ma posture de shiatsuki où l’écoute empathique et thérapeutique est primordiale.
Où l’écoute est un espace de vide rempli par la parole.
“ Most people do not listen with the intent to understand ; they listen with the intent to reply. “ - Stephen Richards Covey
(“ La plupart des gens n’écoutent pas avec l’intention de comprendre; elles écoutent avec l’intention de répliquer. ”)
Abonne-toi et retrouve cette newsletter un vendredi sur deux. Tu pourras faire le premier pas sur ce nouveau chemin avec Mes 3 outils pour ne plus ruminer une pensée et/ou une émotion désagréable.

Comment fonctionne l’écoute active
Pour cette randonnée d’aujourd’hui, on va sortir de la forêt pour marcher à découvert dans la prairie. J’ai besoin de lumière et je vois de belles fleurs sauvages au loin.
Commençons par éclaircir la notion d’écoute active.
Elle a été créée par le psychologue américain Carl Rogers pour fluidifier ses échanges avec ses patients. Sa méthode de communication repose sur l’utilisation de reformulations et d’interrogations pour montrer à l’interlocuteur qu’il est écouté et compris mais aussi pour écarter tout malentendu. Cette technique permet de créer une atmosphère de confiance pour inviter chacun à s’exprimer librement.
Allons un peu plus loin dans la communication interpersonnelle.
Il existe une différence entre “ entendre ” et “ écouter ” ce que disent les autres.
Entendre, c’est percevoir les sons comme une musique d’ambiance dans un restaurant, le chant des oiseaux au lever du jour ou les voix de tes collègues.
Écouter, c’est prêter attention et prendre en compte ce que tu entends. Tu peux ainsi reconnaître la chanson et te reconnecter à des émotions ou des souvenirs. Tu peux reconnaître le chant du merle de celui des moineaux. Ou tu peux connaître l’état d’esprit de tes collègues grâce à leur ton de voix.
L'écoute active consiste donc à s'efforcer de comprendre pleinement ce que l'autre essaie de nous dire, à travers ses mots et ses messages non verbaux.
Mais, tu le sais, encore faut-il être dans l’état d’esprit d’écouter.
J’ai souvent entendu le mantra “ La parole est d’argent et le silence est d’or. ” Selon ma mère, cela signifiait qu’il valait mieux se taire que parler pour ne rien dire ou répondre à une provocation ou à une brimade.
Aujourd’hui, je vois une signification différente :
Le silence donne un espace de vide, un espace d’expression.
Le silence peut s’embrasser ou être demandé.
Il ne s’agit pas d’être passif ou passive ni de subir la parole de l’autre. Être silencieux et écouter demande de la patience, de la discipline et de la volonté d’embrasser le non-verbal.
Je vois un gros rocher plat à 20 mètres. Bien, asseyons-nous dessus et buvons un peu d’eau. J’ai apporté des petites tasses.
D’ailleurs, cela me fait penser à cette citation du Tao-Tö King de Lao Tseu :
“ Une tasse n’est utile que lorsqu’elle est vide. ”
Quand tu visualises cette tasse, cela devient facile à comprendre.
Prends la tienne par exemple.
Vide, c’est un simple un contenant. Maintenant, remplis-la d’eau.
Au début, le mouvement sera tumultueux. Une vague menacera parfois de déborder.
Puis, elle s’apaisera avant d’épouser la forme de la tasse.
Le vide de la tasse a donc permis à l’eau de se mouvoir puis de se calmer.
Et puis, écouter, c’est aussi s’écouter : il y a un double bénéfice. Être en pleine écoute t’ouvre à tes propres signaux internes. Car, plus tu est aligné·e avec toi-même, plus tu écoutes l’autre avec justesse. L’écoute active fonctionne comme un antidote à la saturation mentale. Par une forme de présence à toi-même et à l’autre, tu filtres l’information, plutôt que de la subir. Tu réduis l’effort mental lié à la sûr-adaptation ou à la sûr-interprétation. En te concentrant sur ce que dit l’autre,
Tu as moins de pensées envahissantes,
Tu empêches la rumination,
Tu stimules l’ancrage dans le présent,
Tu diminues la dispersion cognitive.
⇒ Tu as donc moins de pensées en boucle et plus de calme intérieur.
♥️ Voilà un exercice pour toi : Observe ce qui change en toi quand tu es vraiment écouté.e et lorsque tu écoutes pleinement. Quel est ton niveau de tension mentale?
Les frictions générées par l’écoute superficielle
C’est beau ce paysage ouvert. On voit les vallées et tout est clair, sans distraction.
C’est comme dans la communication. Si tu es inattentif/inattentive, tu absorbes trop d’informations sans pouvoir en faire le tri et surtout sans être pleinement présent pour l’autre. Et quand ce n’est pas clair, il y a un risque de saturation cognitive et de perte de connexion.
Il y a aussi le risque d’être dans la réaction et non dans la réflexion. D’interpréter et de chercher à répondre au lieu d’écouter jusqu’au bout. De faire la morale ( “ Je te l’avais dit ” ; “ Si tu n’avais pas fait ça… ”) ou de donner un conseil non avisé ou pire de blesser la personne par une réflexion maladroite.
De juger au lieu d’observer.
Le plus souvent, cela survient lors d’une conversation zélée ou houleuse. On se laisse emporter par l’émotion de l’autre et les vannes de la retenue lâchent.
On l’a tous et toutes vécu et cela n’engage pas à continuer la conversation ou bien même la collaboration.
Comment offrir du vide tout en se préservant ?
Lorsqu’une personne cherche à se confier, la plupart du temps elle a besoin d’une personne comme d’un miroir. Elle a besoin d’une personne qui va acquiescer et se montrer attentive.
Cela peut être naturel ou flatteur pour certain·e·s. Mais si tu es comme Christophe qui est venu me voir pour un coaching, les émotions peuvent aussi provoquer un sentiment de submersion. Tu penses alors que te couper d’elles te préservera, quitte à perdre toute connexion avec l’autre. Quitte à perdre ce qui définit une relation : le lien.
Pour offrir un espace de parole respectueux et accueillant, la première technique est d’écouter de manière attentive, empathique et non jugeante. D’offrir à l’autre un espace d’écoute de qualité.
De lui offrir du vide.
C’est simple, mais ce n’est pas facile.
L’écoute active et empathique permet de retrouver du liant relationnel.
Souvent, les personnes que je reçois au cabinet ont du mal à rester connectées à l’autre (leurs proches, leurs collègues, leurs ami·e·s) car leurs pensées et émotions prennent toute la place. Comme un disque dur saturé par des fichiers inutiles ou obsolètes. Les écouter, c’est leur redonner de la fluidité, favoriser l’auto-empathie et réduire les tensions mentales.
La personne s’ouvre parce qu’elle se sent en confiance et petit à petit, une connexion se crée et je peux alors pratiquer avec plus de profondeur et de justesse.
Il est donc primordial de réprimer l’envie de réagir ou de conseiller, et d’être dans le wu wei, le non-agir.
Car en leur permettant de verbaliser leurs sentiments, émotions, troubles physiques et mentaux, elles font remonter à la surface ce qu’elles avaient enfoui.
Comme lorsque l’on brasse le fond d’une mare, la vase remonte à la surface.
♥️ Voilà un autre exercice :
Repousse la voix du Juge et des saboteurs et écoute de manière attentive, empathique et non jugeante.
Inspire, Desserre les mâchoires, Expire, Écoute en pleine conscience.
L’écoute et le shiatsu : une relation harmonieuse
En shiatsu, on dit qu’on écoute avec les yeux du cœur à travers le toucher. Car l’écoute est une qualité essentielle dans le toucher du shiatsu. Une main est active, tandis que l’autre écoute.
Avec l’oreille, on recherche quelque chose. Un modèle, un signal ou une signification qui se situe dans le spectre du son. On cherche à identifier et à interpréter.
C’est pareil pour le toucher à ceci près de la différence de sensation qu’il nous procure. Le toucher du shiatsu est yin. Un yin essentiel pour entrer en contact avec le Ki (l’énergie) de l’autre.
Être dans l’immobilité et le silence, c’est créer un espace de vide pour laisser place au plein. Pour laisser place au yang.
Écouter entre les lignes est une technique subtile. Cela a à voir avec la qualité de l’expression du/de la receveur·e, les pauses employées ou son empressement à dissimuler un sujet donné.
Quand je suis en séance de shiatsu, il y a toujours un moment d’échange où le/la receveur·e me parle de lui/elle. Je restreins alors ma parole et me concentre sur ses mots d’ancrage qui sont plus importants encore que son histoire.
Je peux ainsi entendre un déséquilibre comme un son de voix chagrine quand son histoire est gaie ou bien un son de voix gaie quand son histoire est triste.
J’écoute le son de sa voix comme s’il s’agissait d’une musique.
♥️ Exercice d’écoute active : Assieds-toi calmement. Écoute les sons dans ton environnement immédiat. Maintenant, vois si tu peux entendre ce qu’il se passe en dehors de la pièce où tu es assis·e. Essaie maintenant d’écouter les sons hors du bâtiment.
Qu’entends-tu ? Que ressens-tu ?
Affectueusement 🌱
Emilie ~ Ma Pause Slow
P.S. : Si tu es lyonnais·e, que tu veux te libérer de ta saturation mentale et retrouver ta sérénité, tu peux toujours découvrir mes accompagnements en shiatsu à Lyon ici.
Merci pour cette édition. Merci pour tes mots. Ça m'a fait du bien de les lire. J'apprends, de plus en plus, à me libérer de ma posture de sauveuse qui m'empêche d'écouter simplement et qui me pousse à toujours trouver des solutions quand, parfois, la seule est d'être là. Du coup, ça fait que je vois aussi quand je suis pas écoutée comme je l'aimerais 🥲